Lorsque la nutrition devient source de préoccupation
LORSQUE LA NUTRITION DEVIENT SOURCE DE PRÉOCCUPATION
Au même titre que l’entraînement, la préparation physique et mentale ainsi que le sommeil, la nutrition occupe une place importante pouvant contribuer à l’optimisation des performances sportives. Toutefois, bien que le sport soit souvent synonyme de santé physique et bien-être, l’importance accordée au poids, au corps, ainsi qu’à l’adoption d’une nutrition optimale chez l’athlète, peut contribuer à augmenter le risque de développer des troubles de l’alimentation.
De prime abord, il est tout à fait normal pour un athlète d’accorder une certaine importance à son alimentation, sa composition corporelle et son poids. Toutefois, pour certaines personnes, il est possible que ce désir de toujours vouloir faire mieux se transpose en préoccupations; les pensées en lien avec l’alimentation et le corps commenceront alors à prendre toute la place et influenceront toutes décisions et actions quotidiennes. Ainsi, selon les comportements adoptés pour gérer ces préoccupations, l’athlète pourrait vivre beaucoup d’anxiété voire de la détresse pouvant aller même jusqu’à ressentir de la culpabilité et de la honte. Il s’agit du tourbillon du trouble alimentaire. À cette étape, aller chercher de l’aide s’avère capital.
Alexia de Macar
Profession : Nutritionniste
Spécialisation : Trouble de l’alimentation
Alexia de Macar connaît bien cette réalité. Nutritionniste depuis 2005 et collaboratrice à l’Institut national du sport du Québec depuis de nombreuses années, Alexia dispose d’une expertise de pointe avec les athlètes de haut niveau et les artistes présentant un trouble de l’alimentation.
« Il est essentiel de souligner que beaucoup d’athlètes souffrant de troubles de l’alimentation ne sont pas diagnostiqués puisqu’ils ou elles considèrent leurs symptômes comme étant « normaux ». Il peut être parfois difficile de faire la distinction entre les comportements d’un athlète fort motivé et ceux laissant présager un trouble de l’alimentation. La nuance entre les deux est souvent mince. Il faut se rappeler que les souffrances et les conséquences négatives d’un trouble de l’alimentation sont réelles pour eux en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’athlète. », mentionne Alexia.
Démystifier les mythes chez les athlètes
Plusieurs mythes existent encore aujourd’hui en raison d’un manque d’explication sur le sujet ce qui amène une certaine désinformation. Essayons de briser les tabous et précisons certaines notions pour mieux comprendre ce problème et poursuivre la discussion.
Mythe 1 : Les troubles de l’alimentation ne sont pas très fréquents chez les athlètes
Il est reconnu depuis plusieurs années que la prévalence des troubles de l’alimentation est plus élevée chez la population athlétique que dans la population générale.
Mythe 2 : Les athlètes masculins ne sont pas touchés par ce problème
Bien que la prévalence des troubles de l’alimentation soit plus élevée chez les femmes (autant auprès des athlètes que dans la population générale), les études montrent que celle-ci est supérieure chez les athlètes masculins, lorsqu’ils sont comparés à une population non-athlétique. Plusieurs athlètes masculins tardent à aller chercher de l’aide, car ils pensent que seules les femmes peuvent souffrir de troubles alimentaires. Il est donc important d’en parler afin de briser cette mauvaise perception.
Mythe 3 : Une personne vivant avec un trouble de l’alimentation présente une extrême minceur
Il s’agit d’un des mythes les plus persistants. Il s’agit aussi d’une des raisons principales pour lesquelles il existe un déni de la situation qui donne l’impression qu’il n’est pas nécessaire d’aller chercher de l’aide ou encore que ça ne vaut pas la peine d’en parler. Il est primordial de souligner qu’un athlète souffrant d’un trouble de l’alimentation n’a pas de « poids », de
« silhouette » ou de « taille » spécifiques. La gravité de la situation ou le niveau de détresse n’est pas automatiquement relié au poids.
Mythe 4 : Si on ignore le problème, il disparaîtra avec le temps
Par peur d’aborder la situation ou de rendre le problème réel, l’entourage (coéquipier.ères, entraîneurs.es ou intervenants.es) tarderont à aborder la situation avec l’athlète. Lorsqu’un athlète est « pris au piège » dans le cercle vicieux du trouble de l’alimentation, il est faux de penser qu’il sera capable de s’en sortir seul. Il s’agit d’un problème médical réel et complexe qui nécessite une intervention interdisciplinaire spécialisée. Plusieurs athlètes pensent à tort, que le problème disparaîtra au moment où ils prendront leur retraite. C’est malheureusement faux.
En d’autres mots, il est important d’aborder plus fréquemment la question des troubles de l’alimentation, afin que les athlètes osent parler plus rapidement des difficultés alimentaires qu’ils vivent. Tout comme dans la population générale, les troubles de l’alimentation chez l’athlète sont fréquents. Un dépistage précoce et une intervention qualifiée et rapide feront toute la différence.