Nouvelle méthode de collecte de données pour mesurer la charge d’entraînement des gardiennes de but de water-polo
Crédit photo : Water Polo Canada
NOUVELLE MÉTHODE DE COLLECTE DE DONNÉES POUR MESURER LA CHARGE D’ENTRAÎNEMENT DES GARDIENNES DE BUT DE WATER-POLO
Les répercussions de la pandémie n’ont pas été faciles à gérer pour les sports en général, mais particulièrement pour les sports d’équipe en raison de l’interdiction des contacts physiques. C’est notamment le cas de l’équipe nationale de water-polo féminine qui n’a pas pu disputer de matchs officiels depuis décembre 2019.
Malgré l’arrêt des compétitions, la préparation devait continuer. Plusieurs efforts collectifs ont ainsi été déployés. Les gardiennes de but de l’équipe de water-polo féminine ont donc eu l’opportunité de travailler avec des experts de l’INS Québec afin de pouvoir mesurer leur niveau d’intensité de travail lors des entraînements et des matchs.
L’objectif des experts sur le projet, Julien Clément, analyste de performance, et Félix Croteau, physiothérapeute, à l’INS Québec, était principalement de mettre en place des mesures de suivi à long terme quant à la charge d’entraînement et le niveau de fatigue des athlètes. Il existe sur le marché des capteurs, communément appelés centrales inertielles ou Inertial Measurement Unit (IMU), qui permettent de compiler plusieurs informations liées à l’effort physique. Toutefois, un défi colossal s’imposait.
En effet, pour préciser la collecte de données dans le cas d’un sport aquatique comme le water-polo, il faudrait calculer la quantité de mouvements effectués par les gardiennes de but dans l’eau, tels leurs sauts, leurs déplacements latéraux, ou encore leur nombre de coups de pied donnés durant les phases de haute intensité.
C’est à ce moment-là que les deux experts ont eu l’idée de développer une nouvelle méthode pour recueillir ces informations.
« Malheureusement, il n’existait pas encore de capteurs étanches de ce type pouvant aller sous l’eau. Nous devions donc mettre les capteurs sous vide et les fixer dans le bas du dos des athlètes avec des rubans adhésifs. Nous utilisions au début une scelleuse pour produits alimentaires pour nous assurer que l’eau n’entre pas, mais cette procédure était trop longue, peu pratique et irritait la peau des athlètes après quelques séances », souligne le chercheur principal du projet, Julien Clément.
« Nous avons cherché une solution qui permettrait une mise en pratique plus simple et rapide. L’idée des boîtiers étanches sur mesure s’est imposée puisque toutes les tentatives sans protection suffisante ont détruit les capteurs. », raconte Félix Croteau, superviseur du projet.
Conception du boîtier
« Nous avons donc fait appel à la firme de génie-conseil Philomec pour la conception de ces boîtiers », précise Félix Croteau.
« Le défi de ce mandat était de faire la conception, les prototypes ainsi que la fabrication d’une petite série de boîtiers dans un délai restreint. Nous avons dû être créatifs et efficaces pour obtenir des boîtiers à la fois réellement étanches et ergonomiques pour les athlètes. », précise Hugo Jobidon-Lavergne, responsable de la conception du boîtier de l’entreprise de génie-conseil Philomec.
Afin de rendre l’utilisation encore plus facile, des poches sur mesure ont été confectionnées sur les maillots des gardiennes de but afin d’y insérer les boîtiers étanches contenant les capteurs.
C’est par l’entremise de cette collecte de données par capteurs, qu’il est dorénavant possible de calculer plus précisément l’effort physique des athlètes dans le but de prévenir les risques de blessures en évitant les charges d’entraînement aiguës et chroniques élevées.
Cette nouvelle méthodologie est très prometteuse.
Série de boîtiers pour les capteurs
Plusieurs analyses ont permis de conclure que les données recueillies dans les différentes zones d’intensité en entraînement sont totalement distinctes de celles observées lors des matchs.
Ce constat offre des pistes de solution aux entraîneurs pour optimiser la préparation des athlètes.
« Nous avons passé de nombreuses années à explorer différentes options pour quantifier la charge d’entraînement aquatique. Les efforts de l’INS Québec, sous le leadership de Félix Croteau et Julien Clément ont fourni une percée importante pour l’avenir du suivi des athlètes en water-polo et aussi dans d’autres sports aquatiques. », souligne Justin Oliveira, directeur de la haute performance de Water Polo Canada.
Ce nouvel outil développé à l’initiative de l’INS Québec est une véritable innovation puisque rien de la sorte n’existait sur le marché.
Les travaux de recherche se poursuivent actuellement avec la collaboration de Sylvain Gaudet, physiologiste à l’INS Québec. L’automatisation de la présentation des résultats pour faciliter la lecture et l’utilisation par les membres du personnel et les entraîneurs est une des priorités. C’est en jumelant ces données à celles enregistrées hors de l’eau, qu’il sera possible d’assurer une meilleure planification des pics de performance des gardiennes de but et également des autres athlètes sur le long terme.
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Liste des experts, fédérations et compagnies ayant participé au projet :
Projet de recherche :
- Organisation responsable du projet : Institut national du sport du Québec via le programme À nous le podium
- Sujet de recherche : Accelerometer-based assessment of neuromuscular fatigue of water polo athletes
- Chercheur principal du projet : Julien Clément, Ph. D., M.Sc.A., ing., Analyste de performance, INS Québec
- Superviseur du projet : Félix Croteau, PT, Ph. D. (c), FCAMPT, RISPT, physiothérapeute, INS Québec, et Chef ESI pour water-polo
- Collaboration : Water Polo Canada et les gardiennes de l’équipe nationale canadienne pour la validation
Conception et fabrication du boîtier étanche :
- Entreprise de génie-conseil : Philomec
- Responsable de la conception du boîtier : Hugo Jobidon-Lavergne, M.Sc.A., Gestionnaire de projet, Philomec
- Superviseur du projet de la conception du boîtier : Léo Frade, Ph. D., ing. PDG, Philomec